La numérisation du quotidien, une violence inouïe et ordinaire
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La numérisation de la vie quotidienne se poursuit, brutalisant quotidiennement les dépassés et les réfractaires.
Imaginez que l’État et les entreprises aient décidé que tout se ferait, désormais, en anglais. Pour remplir sa déclaration d’impôts, refaire sa carte grise, ouvrir une ligne de téléphone, acheter un billet de train…
…
Treize millions de personnes pour qui la vie est devenue impossible, 23 % de la population française, un adulte sur quatre.
13 millions qui se sentent incompétents et humiliés.
Jongler avec des dizaines d’espaces personnels et des codes confidentiels envoyés par SMS.
(une pépite) Résilier un abonnement à Free. Ou, comment faire pour que vous abandonniez. […]
Plus d’un adulte sur cinq est devenu illettré parce que l’État et les entreprises, en vingt ans, ont imposé l’équivalent d’une nouvelle langue.
C’est l’une des transformations sociales les plus radicales et les plus absurdes qui ait jamais été menée.
Des discours misérabilistes sur la « fracture numérique », mais l’État ne devrait pas pouvoir exiger d’eux qu’ils achètent un ordinateur, un smartphone, une imprimante, un scanneur et un abonnement internet (le parc électronique de base) ; qu’ils aident des entreprises privées à faire du data mining (sur leur dos) ; qu’ils transforment leur vie pour se consacrer à ces systèmes addictifs et envahissants ; qu’ils contribuent à la suppression des fonctionnaires et aux licenciements induits par la numérisation.
On présente toujours ceux et celles qui répugnent à numériser leur vie comme des gens qui n’ont pas encore compris, alors que, bien au contraire, ils ont souvent très bien compris. La question n’est pas celle de l’aptitude personnelle mais celle de la liberté.
La numérisation des commerces et des administrations a en elle-même des conséquences plus directes et décisives que les résultats des élections. Elle est pourtant totalement absente du débat public.
Le collectif Écran total rassemble depuis une dizaine d’années des professionnels confrontés à la déshumanisation de leurs métiers par le numérique et des chômeurs en lutte contre la « bunkérisation » des services publics, rares sont ceux qui ont le courage d’en tirer les conclusions politiques.
Conclusion : des professionnels confrontés à la déshumanisation de leurs métiers par le numérique et des chômeurs en lutte contre la « bunkérisation » des services publics, rares sont ceux qui ont le courage d’en tirer les conclusions politiques.
Écran total est un réseau, né en 2013, fédérant les résistances aux logiques gestionnaires des rapports sociaux. Pour les rencontrer, écrire à : Faut Pas Pucer, Le Batz 81140 St-Michel-de-Vax ou à ecrantotal@riseup.net - http://lycee4.0.free.fr/index-actions.html
